Broccolini: de L’Avenue à Radio-Canada

Broccolini: de L’Avenue à Radio-Canada

Anthony Broccolini est un homme occupé. Depuis notre dernier entretien avec le directeur général de Broccolini il y a tout près de cinq ans, l'entreprise familiale a continué à se tailler une part importante du marché de la construction commerciale de Montréal – étoffant continuellement son portefeuille de nouveaux projets de développement pour étayer son carnet de commandes. L'entreprise a également fait son entrée dans le marché du sud-ouest de l'Ontario, où son bureau de Toronto compte désormais plus de 75 employés.

À Montréal, Broccolini a récemment achevé le projet L'Avenue, un projet condo/usage mixte de 50 étages adjacent au Centre Bell. Le projet a connu un vif succès : les condos se sont bien vendus, tandis que Provigo et WeWork ont loué de l'espace commercial dans l'immeuble (de même que Starbucks et la Banque Nationale). La portion commerciale de la propriété est actuellement sous contrat avec un important gestionnaire de fonds immobilier canadien.

Le prochain grand événement pour Broccolini à Montréal est le développement du nouveau siège social de Radio-Canada, pour lequel la première pelletée de terre doit être levée plus tard cette année. Nous avons rencontré Anthony Broccolini pour discuter de ces deux projets ainsi que de la stratégie de réussite de l'entreprise à Montréal et à l'échelle du pays.

Espace Montréal : L'Avenue était certainement un projet ambitieux sur le plan architectural et de design. Quels étaient les défis à relever du côté de la construction?

Anthony Broccolini : Du point de vue architectural, nous voulions réellement créer un joyau qui se distinguerait sur la ligne d'horizon de la ville. Nous en sommes très fiers et ravis de constater que cet objectif a été atteint.

Notre défi à l'origine était de créer quelque chose qui allait se démarquer, tout en respectant nos budgets. Le problème était la coordination du podium à usage mixte pour nos quatre usages : bureaux, commerces de détail, stationnement et résidentiel. Par exemple, nous devions créer trois halls d'entrée et fournir un quai de chargement au rez-de-chaussée. Pendant le processus pour trouver des locataires pour l'espace commercial et de bureaux, les plans ont été créés en fonction de leurs besoins.

Réunir toutes ces composantes sur un site de 33 000 pieds carrés était un défi au début. Or, avec l'aide des professionnels que nous avons choisis pour faire le travail et notre propre expérience, nous avons été en mesure de trouver une formule gagnante pour tous. Les trois premiers étages depuis la surface sont réservés aux commerces de détail, suivis de quatre étages de locaux de bureaux, et ensuite d'un espace polyvalent de 16 000 pieds carrés destinés aux propriétaires de condos. Les 40 étages suivants sont des condos. Ce projet à usage mixte est sans équivoque le plus important projet de ce type à Montréal.

Espace Montréal : Avec WeWork occupant la majeure partie des locaux de bureaux, et Provigo et la Banque Nationale occupant presque entièrement l'espace réservée aux commerces de détail, que reste-t-il à louer actuellement dans l'immeuble?

Anthony Broccolini : WeWork a loué trois des quatre étages des locaux de bureaux dans le podium; il reste donc un étage à louer. Du côté des commerces de détail, il reste encore 10 000 pieds carrés à louer. Le podium étant sous contrat, ce sont les nouveaux propriétaires qui auront la prérogative de décider quoi faire avec l'espace.

Espace Montréal : Vous devez être satisfait des résultats de l'Avenue.

Anthony Broccolini : Absolument. Lorsque nous avons acheté le terrain en 2012, nous avions un projet très ambitieux. Bien que le marché était très différent à l'époque comparativement à ce qu'il est aujourd'hui, le projet a été réalisé sans anicroche. Nous avions un groupe exceptionnel de partenaires, de conseillers et de divers corps de métier qui ont collaboré avec nous ainsi qu'une équipe du tonnerre chez Broccolini. Nous nous sommes occupés de tout, de A à Z, sur ce projet en tant que promoteur principal et de constructeur.

Espace Montréal : Est-ce que cela vous motive à réaliser d'autres projets de développement?

Anthony Broccolini : C'est sûr. Pour ma part, c'est cette partie-là de mon travail que je préfère. Participer à chacun des aspects du processus de développement et saisir les ramifications des décisions que vous prenez, c'est ce qui est le plus intéressant pour moi. L'Avenue est l'étude de cas par excellence sur la façon de s'y prendre pour réaliser un projet à usage mixte au centre-ville. C'était une expérience extraordinaire.

Espace Montréal : Passons maintenant au défi suivant. Comment se déroule le projet de Radio-Canada?

Anthony Broccolini : Le projet sera lancé après les vacances de la construction, à la fin de l'été. Nous devons réaliser beaucoup de choses en très peu de temps, et la ville fait preuve d'un excellent esprit de collaboration pour nous permettre d'aller de l'avant.

Espace Montréal : Quelle est la taille du projet?

Anthony Broccolini : Il s'agit d'un projet d'un demi-million de pieds carrés d'un espace de bureaux et technique. À la base, le projet est divisé en trois composantes : les studios et l'espace technique sont dans l'immeuble faisant face à l'avenue Viger. Au centre, il y a un immeuble de bureaux de quatre étages, ensuite un autre immeuble de bureaux de sept étages donnant sur le boulevard René-Lévesque. Les deux immeubles de bureaux sont séparés par un atrium de 10 000 pieds carrés qui sera un espace formidable où les employés de Radio-Canada pourront rester en contact et collaborer.

L'un des objectifs de Radio-Canada avec le projet est d'inviter le public à y entrer et de l'accueillir dans la mesure du possible d'un point de vue public, tout en créant de bonnes synergies pour les employés. L'atrium est réellement un point de convergence des immeubles. Dans les immeubles où une grande entreprise est répartie sur plusieurs étages, les communications entre les employés peuvent parfois être difficiles. Nous avons trouvé un moyen de les rapprocher.

Espace Montréal : En combien de temps le projet devrait-il être achevé?

Anthony Broccolini : Ce n'est pas un immeuble de bureaux traditionnels du centre-ville. La construction se fait dans une zone verte et nous n'avons qu'un seul étage duquel descendre. Lorsque les travaux vont être lancés, l'immeuble sera érigé rapidement. Le projet va être achevé à la fin de 2019, dans un peu plus de deux ans, du début à la fin.

Espace Montréal : Quels sont les défis de réaliser un projet à l'intérieur de ce délai?

Anthony Broccolini : Les exigences techniques de cet immeuble vont être très impressionnantes. Les volets gestion et coordination vont être le défi le plus grand à relever. Les travaux de l'immeuble de base sont très simples à réaliser pour nous, ainsi que les locaux de bureaux. C'est l'espace technique qui nécessite une planification et une coordination plus détaillées des travaux de construction. Nous travaillons avec une équipe de design tout à fait exceptionnelle, et le client l'est tout autant. Il est très engagé et prête beaucoup la main au processus de design, ce qui nous permettra de mener à bien le projet en respectant l'échéancier et le budget.

Espace Montréal : Encore une fois, Broccolini est le promoteur du projet Radio-Canada. Quelle part du travail est réalisée par Broccolini comparativement à ce qui a été confié à des tiers?

Anthony Broccolini : Notre chiffre d'affaires annuel attribuable à la construction se chiffre à 500 millions $. De ce montant, environ la moitié provient de nos propres projets de développement, l'autre moitié provenant de travaux d'entreprise générale. Nous n'avons jamais un plan fixe quant au rapport entre les travaux de développement réalisés à l'interne et ceux qui sont accomplis par un entrepreneur général. Or, il se trouve qu'au cours des cinq ou six dernières années, les travaux ont été partagés presque toujours moitié-moitié; c'est donc un bon équilibre. Notre collaboration avec des tierces parties est le fondement même de notre entreprise et de notre réputation.

Notre intégration verticale nous a permis de passer au secteur de l'immobilier ces 15 dernières années.

Espace Montréal : Pour ce qui est du volet développement, Broccolini possède des terrains à l'échelle de la ville, notamment dans l'Ouest-de-l'Île et à Saint-Laurent. Où en sont vos projets de développement construits sur mesure et commerciaux?

Anthony Broccolini : Les projets de développement représentent pour nous une très grande valeur ajoutée. Nous comprenons très bien les marchés immobiliers, et nous faisons en sorte de nous positionner de façon stratégique dans différentes parties de la ville pour être près de l'action. Lorsque nous achetons un terrain, nous voulons y bâtir quelque chose dès le lendemain. Or, une approche à long terme est préférable dans le cas de nouveaux développements. Il faut aussi essayer d'entrevoir où se situent les tendances et où les entreprises veulent s'installer. Il faut parfois attendre quelques années, mais le fait d'avoir une banque active de terrains nous aide à alimenter nos activités de construction.

Il faut veiller à alimenter continuellement sa réserve de sites à développer et de travaux accordés à de tierces parties afin que l'entreprise soit occupée sur tous les fronts. À Montréal, nous sommes vraiment axés sur les volets industriels et de bureaux, qu'il s'agisse de nos propres développements ou de ceux de clients tiers. Du côté des tierces parties à Montréal, nous sommes centrés principalement sur des projets industriels et de détail. Nous ne travaillons pas à des projets de développement de commerces de détail à moins que ceux-ci fassent partie d'un projet à usage mixte.

Espace Montréal : Pouvez-vous nous donner un aperçu de votre carnet de commandes pour des projets de construction pour des tiers prévus pour cet été?

Anthony Broccolini : Nous travaillons à un grand projet de réaménagement commercial pour Ivanhoé Cambridge au Centre Eaton. Nous construisons aussi un nouveau centre de distribution pour IKEA. Ces projets, et d'autres vont assurément nous garder occupés, y compris bien sûr Maison Radio-Canada!